« Agression générale contre la Suisse », « coup de poignard dans le dos », les métaphores exaltées ne manquent pas dans la bouche des politiciens de droite de notre pays pour qualifier la décision allemande d’acheter à un mystérieux inconnu la liste volée de ses contribuables fraudeurs. Quelle méthode abominable ! Quel comportement ignoble de la part d’un pays voisin ! On en oublierait presque qui sont les véritables gangsters dans l’histoire. Sûrement pas les gentils banquiers suisses, qui avec le zèle dévoué qu’on leur connaît, aident les malheureux millionnaires allemands saignés par la fiscalité de leur pays à cacher leur fortune chez nous. Sûrement pas ces derniers, qui se croient au-dessus des lois et du devoir de payer l’impôt. Sûrement pas finalement le Conseil Fédéral et la droite helvétique qui, depuis des décennies, cautionnent et défendent avec acharnement ces pratiques frauduleuses. Quelle douce hypocrisie ; Jean de la Fontaine aurait pu en faire une fable.
Ivan Godat